Détroit

Par Philippe Guiguet Bologne
Les podcasts culturels de Tanger et du Nord du Maroc.

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Détroit 22 – Entretien avec Maz, auteur, compositeur, interprète.
15 mai 2023

Le Tangérois Maz est auteur, compositeur, interprète. Avec le courage de sa jeunesse, il tente d’imposer sur la scène marocaine une nouvelle variété de qualité, alliant rythme et mélodies purement marocaines, dans l’héritage andalou, à des techniques de chant lyrique acquises grâce à une longue fréquentation du conservatoire de Tanger et de la chorale Al Boughaz. Au moment où il prépare la sortie de son cinquième opus, quand on l’a vu se produire sur de nombreuses scènes au Maroc, mais aussi en Espagne, à Prague, en France, ainsi que remporter un certain succès en diffusant sur les réseaux sociaux des interprétations très personnalisées de grands airs du répertoire classique, Soufiane Mazin nous accorde un long entretien où il sera question de Tanger, d’inspiration, de style, de l’influence de la chorale Al Boughaz et de la troupe de théâtre Festi, de diffusion et de la participation du jeune artiste, en tant que premier rôle, à la première comédie musicale marocaine, F7ali F7alek, du palestino-américain George Bajalia. Entretien avec Maz, au restaurant M. de Dar Mokhtar, à Tanger.
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Détroit 21 – Entretien avec Abdelkrim Ouazzani, plasticien.
30 avril 2023

Le Tétouanais Abdelkrim Ouazzani est l’une des figures les plus marquantes de l’art contemporain au Maroc, où il a importé l’affranchissement et la légèreté de la Figuration libre, dans les années 80. Il a aussi révolutionné l’art et la manière de l’ancienne École des Beaux-Arts de Tétouan, qu’il a dirigée, en en faisant l’actuel Institut de formation de premier ordre, devenant l’objet dans les années 90 d’une bataille d’Hernani dans laquelle s’est jouée toute la vision de l’art au Maroc. Par ailleurs, au moins trois générations de grands jeunes artistes sont nées sous sa férule. Dès 1978, il enchaîna les événements à Tétouan, en Espagne, aux Rencontres des créateurs de la Méditerranée, à Marseille, au cours de la plupart des Moussems d’Assilah, à la galerie de Bab Errouah à Rabat. Il participa en 1993 à la création du groupe barcelonais interculturel Ras-El-Hanut, de son ami Ahmed Amrani, puis on le retrouva à la Galerie Al-Manar de Casablanca, ambassadeur de sa culture aux Journées consacrées au Maroc par l’Unesco, au Caire où il remporta un Prix de la critique, avant de gagner les États-Unis pour une longue tournée comme un road-movie. 1999 fut une année décisive dans sa carrière avec, entre autres nombreuses activités, trois événements majeurs auxquels il participa à Paris : des expositions à l’Espace des Blancs-Manteaux, au Couvent des Cordeliers et à la Galerie de la Cité. Se succédèrent alors une profusion d’événements et de marques de reconnaissance, invité en artiste reconnu et célébré aussi bien à Londres qu’à Manama, au Parlement de Bruxelles que dans une galerie nîmoise, au cœur du berceau où naquit sa Figuration libre. Depuis quelques années, Abdelkrim Ouazzani semble recentrer ses activités dans son pays, au Musée Mohamed VI d’art contemporain, à Gallery Kent, à la Villa des arts de Rabat, au Comptoir des Mines de Marrakech, à la Galerie Loft casablancaise, dans le réseau des Instituts français, tout en s’offrant quelques échappées à l’Institut du Monde arabe, à Santiago du Chili, Sao Paulo, Palerme, Malaga ou Berlin. En 2019, le Centre d’art moderne de Tétouan consacra sa saison au grand enfant des arts plastiques marocains, rendant un hommage à celui qui a tant apporté, toujours avec discrétion et une générosité de grand seigneur, à sa ville et à son Royaume. Il fut ainsi honoré par SM le roi Mohamed VI d’un wissam. Une importante monographie vient d’être publiée par Aziza Laraki, de Gallery Kent à Tanger, se consacrant à l’artiste septentrional en deux longs entretiens, autant de textes critiques et deux cents pages d’images. Le témoignage de toute une époque, celle à l’origine de la scène artistique actuelle. En juillet prochain, Abdelkrim Ouazzani renouera avec ses amours de jeunesse dans une grande exposition d’extérieur, à Torreta sur les collines de Tétouan. Entretien avec l’artiste emblématique de toute une génération et de toute une région.
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Détroit 20- Entretien avec Peter J. Baalman, architecte.
14 avril 2023

Peter Baalman est architecte, néerlandais, mais il vit depuis presque une cinquantaine d’années à Paris, où il a effectué ses études en histoire de l’art et en architecture. Il fréquente assidument Tanger depuis trente ans, ville dont il a fini par acquérir une réelle expertise. Après la coupure liée à la covid, il revient dans la ville du Détroit où il constate l’ampleur des travaux et des mutations dont la cité est l’objet. Peter Baalman enseigne, est maintenant dans des préoccupations artistiques, mais il a surtout travaillé pendant un quart de siècle pour le Studio Odile Decq, dont il a été le chef d’agence pendant vingt ans. À ce titre, il a suivi de très nombreux projets dont la réalisation de chantiers tels que l’extension du Musée d’art contemporain de Rome, le L-Museum à Neuhaus en Autriche, le Frac Bretagne à Rennes, le projet inabouti de la gare maritime de Tanger Med, le restaurant de l’Opéra Garnier à Paris, le campus Confluence de l’École d’architecture de Lyon ou Twist, un immeuble de bureaux aux Batignolles à Paris. Entretien dans le ravissant et rococo café-jardin de la maison d’hôtes les Trois portes, à Sidi Bouknadel, entre la falaise et la Kasbah de Tanger, sur ce que devient Tanger du point de vue d’un architecte d’envergure internationale.
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Détroit 19 – Entretien avec Hassan Amrabet, maroquinier et designer.
29 mars 2023

Hassan Amrabet a créé et dirige avec ses frères Abdelmouneim et Redouane une boutique-galerie au cœur de la médina de Tanger. Ils sont maroquiniers et designers à leur façon, toujours pleine de talent, d’exigence et d’inventivité. Ils ont créé la boutique Les Mérinides dans les années 80, avant la fièvre des maisons d’hôtes qui ont tant stimulé le secteur de l’artisanat à Marrakech d’abord, puis dans tout le Royaume, dès le milieu des années 2000. Jusque-là, le client pointilleux et tatillon trouvait au Maroc le plus bel accueil et la meilleure gastronomie, tout le bonheur du monde et l’éblouissement des sens, mais très peu d’artisanat rajeuni et d’une qualité irréprochable. Birkemeyer à Marrakech et Mérinides à Tanger sont les pionniers d’un renouvellement et d’une ambition qui ont maintenant fait école. La galerie rue Sebbou accueille désormais Madame Figaro, Inès de la Fressange et Vincent Lacoste, Safia El Omari et Patrick Timsit, Jean-François Halin et les décorateurs du monde entier pour qui Tanger est un passage obligatoire. Entretien rue Sebbou avec le pilote de l’aventure tangéroise, Hassan Amrabet..
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Détroit 18 – Entretien avec Hamza Boulaïz, metteur en scène.
15 mars 2023

Hamza Boulaïz est le jeune prodige du théâtre au Maroc. À vingt ans, il remplissait le Théâtre Mohamed V de Rabat en y créant sa pièce Hassan L’kliché ; dans les mêmes années, il fit scandale avec Onze minutes, où la darija marocaine, verte et crue, sonne comme une attaque contre l’ordre, de la même façon que cinquante ans plus tôt, dans un souci de vérité, Mohamed Choukri offrait un tableau dur, violent et vrai de sa société. Les deux créateurs, le metteur en scène et l’écrivain, appartiennent au même champ poétique : celui de la justesse et du souci de l’humain. Héritier d’un esprit, celui de l’excellent Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle, l’école nationale de théâtre à Rabat, et du brillantissime Jaouad Essounani, fondateur du Dabateatr dans la même ville, qui a porté le théâtre marocain à sa modernité – après que Timoud en ait exprimé les douleurs de la naissance et que Tayeb Saddeki et Nabil Lahlou lui aient fondé une forme de classicisme -, Hamza Boulaïz est au cœur de toutes les polémiques, tant son œuvre dérange autant qu’elle plaît et émeut. On y parle le langage de la rue, on y secoue tous les tabous, on y révèle toutes nos impasses ; le rythme y est celui de son époque, syncopé et clignotant ; la scénographie y est un grand jeu en reflet de la postmodernité. Hamza Boulaïz, avec sa compagnie Spectacle pour tous et son projet de camion-théâtre qui arpente tout le royaume, a beaucoup de succès, et donc il est observé à chaque étape de son travail. Courtisé par les grandes fondations, Drossos ou la coopération suisse à leur tête, qui œuvrent pour le développement et le libéralisme, soutenu par Sundance, écouté par son ministère de tutelle, adulé par feu Pierre Bergé et la Fondation Majorelle, le jeune Tangérois de trente ans, fils du Marshan, a aujourd’hui huit pièces remarquées à son actif, dont cet Exit qui a remué ciel et terre à travers le Maroc, en se jouant dans une version de douze heures à faire pâlir Paul Claudel lui-même, un Khorotto + sensuel où la scène est déconstruite avec acharnement, un Ouma (eux) qui le consacre. Hamza Boulaïz, fragile comme une pensée et aussi puissant que la plus grande des volontés, se donne à livre ouvert à Détroit.
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Détroit 17 – Entretien avec Omar Metioui, luthiste et musicologue.
28 février 2023

Omar Metioui est une figure des musiques classiques et traditionnelles arabo-marocaines, à Tanger, dans toute le Royaume et à l’international. Digne héritier des grands maîtres que furent Mohamed Ben Larbi Temsamani, Moulay Ahmed Loukili ou Hadj Abdelkrim Raïs, il s’impose à la scène musicale comme un éminent luthiste et un musicologue émérite. Profondément engagé dans la conservation, la diffusion et la compréhension des musiques andalouses et soufies, Omar Metioui est l’auteur d’une bonne demi-douzaine d’ouvrages de référence, publiés au Maroc et en Espagne. Il sort d’ailleurs ces prochains jours un imposant essai de transcription, de translittération et d’analyse de la Nuba Raml Al-Maya, premier volume d’une série publié par l’Académie du Royaume du Maroc et l’Institut académique des arts, après qu’il ait édité en 1995 une Nuba Al-Istihlal au Centre de documentation musicale de l’Andalousie, à Grenade. Il a encore contribué aux anthologies d’Al-Ala commandées par le ministère marocain de la Culture sous l’égide de Mohamed Benaïssa et a enregistré, notamment avec le maître Ahmed Zaïtouni, l’intégrale des noubas Isbihan, Raml al-Maya (panégyrique), Raml al-Máya Ghazaliyya (profane), Istihlál et Rasd. Omar Metioui reste encore le fondateur de la dynamique association Confluences musicales, qui notamment organisa le Festival Tarab Tanger des musiques traditionnelles. En 1994, il fonde la formation Ibn Baya avec Eduardo Paniagua, en 1997 l’ensemble Al-Shushtari et l’Ensemble Omar Metioui des musiques traditionnelles, avant de cofonder avec la musicienne et chanteuse Begona Olavid un ensemble de musiques anciennes andalouses, qui l’amènera à se produire partout dans le monde, du Monde arabe à l’Europe en passant par l’Asie, le Japon et l’Iran. Enfin, il est l’auteur remarqué d’une quinzaine d’albums de musique, principalement enregistrés en Espagne, où il a largement contribué à la diffusion et à la renommée des musiques andalouses et soufies, et à celles de l’éditeur Sony Classical, avec des titres comme Ritual Sufi Andalusi, Obras Maestras del Canto Andalusi, ou plus tard Dhikr y Sama édité par le madrilène Pneuma.
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Détroit 16 – Entretien avec Hassan Échaïr, plasticien.
11 février 2023

Hassan Échaïr est l’une des figures notoires de ce que l’on appellera la troisième génération des plasticiens contemporains au Maroc, dans le même temps que Mahi Binebine, Mouad Jebari ou Mounia Touiss. Fils du Jbel et du Détroit, il enseigne désormais et depuis une trentaine d’années à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan, après en avoir lui-même été un étudiant, et ensuite avoir rejoint les écoles des Beaux Arts d’Amiens puis d’Anger dans les années 90. L’actualité du plasticien est des plus chargées ces derniers mois, sortant de l’exposition collective Im’press à Gallery Kent avant de s’engouffrer le 24 février prochain dans une exposition individuelle à Dar d’Art, au côté des mots du poète syrien Nouri El Jarah, avec lequel il publie un livre d’artiste à la Maison de la poésie de Tétouan, en même temps qu’un titre chez Méridianes avec des poèmes de Philippe Guiguet Bologne et l’accompagnement du dernier ouvrage d’Abdelhak Najib chez Orion. Il participe aussi à la 11ème édition de Musécoles, les Arts modernes, aux côtés de Selfati, Amina Benbouchta et Christophe Cerino, et à La Espiral, une exposition collective qui tourne en ce moment dans les Institutos Cervantes du Maroc. Un moment représenté par la Galerie Cube de Rabat, les Galerie Loft et Noir sur Blanc à Casablance, représentant d’une interprétation marocaine de Support/Surface – la plupart de ses enseignants et mentors furent de remarquables membres de ce mouvement -, Hassan Echaïr est passé par les prestigieux espaces de la Villa des arts, de Bab Rouah pour un hommage à Mohamed Kacimi, par la Galerie Delacroix, le Goethe Institut, l’Institut français de Tétouan et bien sûr l’Instituto Cervantes si bien implanté à Tétouan. Résident de la Cité des arts de Paris en 2001, Hassan Echaïr a aussi représenté le Maroc dans des événements organisés au Mali (Bamako 2007), en France (Paris, Lilles, Marseille), en Espagne (Madrid à la Casa Arabe, Barcelone, Majorque, Denia), au Portugal (à Sintra et Ponte del Sor), en Tunisie, aux États-Unis, au Liban dont une invitation du Palais de l’Unesco. Hassan Echaïr est un artiste septentrional ancré dans la tradition moderniste : il peint plus qu’il ne communique et il pose sans fard tous les problèmes liés à son art et à son temps, alimentant ainsi de précieux débats. On le trouve maintenant dans son atelier, qui fut celui de Saad Ben Cheffaj, dans la médina de Tétouan, bel espace qui forme désormais une étape culturelle incontournable pour les visiteurs de sa ville.
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Détroit 15 – Entretien avec Gaël Morel, cinéaste, scénariste et acteur.
28 janvier 2023

Gaël Morel incarne un cinéma d’auteur très français, comme le firent avant lui François Truffaut, Claude Chabrol, Éric Rohmer ou celui qui longtemps lui fut un inspirateur, André Téchiné. C’est d’ailleurs ce dernier qui mit Gaël Morel au devant de la scène en lui confiant le rôle qui l’incarne dans le chef d’œuvre autobiographique Les Roseaux sauvages. Nous avions rencontré Gaël Morel, un fidèle de Tanger, à l’occasion du tournage de Loin, la suite imaginaire des Roseaux.., mais c’est aussi dans la ville du détroit que Gaël Morel a tourné, en tant que réalisateur, Les chemins de l’oued et Prendre le large avec Sandrine Bonnaire. On le croise parfois entre deux projets, passant devant le Café de Paris pour se rendre à un rendez-vous avec ses vieux amis, les écrivains Rachid O. et Mathieu Lindon ou le réalisateur Christophe Honoré. Au cours d’une pause, après l’écriture d’un nouveau scénario et à l’issue de la difficile période des premières vagues de la covid, nous avons retrouvé l’auteur d’À toute vitesse, d’Après lui et de Notre paradis, dans lequel il met en scène sa muse Catherine Deneuve, à l’Hôtel El Minzah, pour parler cinéma, influence, inspiration, mais aussi de Tanger, du Maroc et de spiritualité face à la politique. Discussion à bâton rompu avec l’un des héritiers de l’esprit du cinéma d’auteur français.
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Détroit 14 – Entretien avec Amine Asselman, plasticien, docteur ès Beaux-arts et maalem zelligiste
12 janvier 2022

Amine Asselman fait partie de la jeune génération montante des artistes marocains, aux côtés notamment de Mounir Fatmi, Younes Rahmoun ou Safaa Errouas. Une génération décomplexée, qui manie le concept avec autant de virtuosité que leurs homologues new yorkais, londoniens ou tokyoïtes. Bref, ils sont aux arts avec le naturel de la génération née dans la mondialisation. Tétouanais, ville où il est revenu actuellement enseigner à l’Institut national des Beaux-arts, issu d’une ancienne famille patricienne andalouse, Amine Asselman a été diplômé de la fameuse école d’art de sa ville avant d’aller parfaire sa formation en Espagne, d’où il ramena encore un doctorat sur l’art du zellige, comme lien entre ses deux patries, le Maroc et l’Espagne. Il voulait devenir architecte – en l’écoutant, on pense d’ailleurs à la viscéralité cérébrale de l’ingénieur-bâtisseur chanté par Peter Greenaway – et le voilà plasticien ! C’est en réfléchissant à l’art du zellige qu’il en est venu à redéfinir un nouveau langage, solfège visuel, qui lui permet de créer une infinité d’œuvres, déclinées selon une formule musicale en tableaux, en sculptures, en installations, en parterre ou en fresques, en autant de supports qu’il en existe, tout en interrogeant les frontières des genres et celles des cultures. Un travail d’une ampleur rare, dont un échantillon sera montré dans une exposition personnelle du 19 janvier au 18 février 2023 à l’Espace Rivages, au siège de la Fondation Hassan II à Rabat. Une façon de faire connaissance avec l’œuvre de l’un des artistes les plus percutants et les plus pertinents de sa génération.
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Détroit 13 – Entretien avec Saïd Messari, plasticien et graveur
4 janvier 2022

Saïd Messari est un plasticien de Tétouan. Il habite cependant à Madrid depuis les années 80, ville où il s’était rendu pour poursuivre ses études d’art à l’Université Complutense puis préparer les cours monographiques de troisième cycle de doctorat à l’Université Autónoma, après avoir remporté son diplôme de l’École des Beaux-Arts de Tétouan. S’il fut un créateur de fresques murales à l’heure de la movida et de la transition post-franquiste, sa formation lui permit de travailler pour Artdéco en tant qu’estampiste puis graveur, où il cultiva la rigueur et l’exigence que nécessitent les techniques de création sur papier. Artiste qui œuvre avec volontarisme sur les problématiques de son temps, de l’environnement à la mémoire 2.0, il a aussi profité de la création et du succès du Salon Stampa pour mieux faire connaître la singularité de son univers et l’universalité et la poésie du papier. Désormais, il ne travaille plus que sur ce support, d’une façon écologique, gravant des œuvres décadrées, des camées texturisés, des sculptures formées de livres découpés. Saïd Messari est un artiste tout en délicatesse, en finesse, en sensibilité : littéraire, papier oblige. Il a montré son travail à travers le monde, s’illustrant en 2000 avec Dépliant de Barcelone, Série paraboles 2001-2003 (2003), puis avec ses expositions Paraboles et Puzzles, Mémoire de papier, Métamorphoses du papier et, en 2020 et 2021, Fragilité du papier et Mémoire écrite. Saïd Messari fait preuve d’un militantisme pour le support papier comme il s’engage pour un monde plus acceptable et vivable. Il expose ses œuvres régulièrement à Tanger, à Gallery Kent, où il participe cette fin d’année à l’exposition collective Im’press, réalisée en bonne intelligence avec le salon Stampa madrilène.
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Détroit 12 – Entretien avec Nao et Monz, musiciens et fondateurs du groupe de rock Lazywall
13 décembre 2022

Le groupe de rock tangérois Lazywall est actuellement en pourparlers avec un nouveau label et en profite pour se décider une révolution stylistique de fond : les trois musiciens traduisent tout leur répertoire de l’anglais vers la darija marocaine. Groupe grunge et de heavy metal, depuis quelques années il prend un tournant plus fusion en intégrant à ses compositions des instruments et des musiciens orientaux. Lazywall évolue donc à grands pas, pour notre plus grand plaisir. Nao, chanteur et guitare, et Monz, batteur et ingénieur du son, deux des fils du premier pharmacien marocain musulman de Tanger, la fameuse officine Anegay de la rue des Siaghine dont Naofal a repris la direction, nous racontent l’histoire de leur groupe qui déjà édite son sixième album. C’est aussi l’histoire récente du rock à Tanger et le récit de comment est vécu le statut d’artistes reconnus dans leur ville natale, cité que l’on qualifie facilement de muse, mais qui néanmoins reste encore peu équipée en structures dédiées aux arts de la scène. Le troisième larron de cette affaire, leur frère ainé Youssef, est quant à lui en France où il vit et n’était pas présent pour cet entretien. Récit d’un périple démarrant au Marshan, passant par Grenade dans les années 90 puis l’Angleterre des grandes scènes rock des années 2000, revenant à Tanger en 2007 et trouvant ses points d’orgue dans les grands festivals de Casablanca. Lazywall, ce sont nos enfants tangérois du siècle !
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Détroit 11 – Entretien avec Omar Mahfoudi, plasticien
30 novembre 2022

Omar Mahfoudi est le jeune peintre emblématique de la nouvelle vague tangéroise, celle émergée dans les années 2000 et dont les artistes gagnent aujourd’hui une réelle maturité. Né dans la médina de Tanger, Omar Mahfoudi est un héritier identitaire de son quartier : son œuvre parle de la lumière de Tanger dans l’Éden, des reflets sur la chaux qui rebondit dans le désert, des matins doux au-dessus de la baie et dans les jungles imaginaires, de la solitude des jeunes de Hafa dont le regard se perd dans le détroit et qui ne savent que rêver d’ailleurs. Tout jeune, il ouvre sa propre galerie à Oued Aherdane, avant de connaître une vraie reconnaissance en étant présenté par la Galerie Conil, la Fondation Montresso, l’AKAA, Abla Ababou, puis Gallery Kent, quand maintenant Afikaris défend son œuvre avec succès à Paris et à Londres, en France et en Europe ; Rodolphe Janssen expose le jeune tangérois à Art Cologne et la Galerie Loft le représente au Maroc. Les grandes toiles d’Omar Mahfoudi, de plus en plus évanescentes et délayées, expriment avec sensibilité une dématérialisation du monde et une prise de pouvoir de leur âme sur les choses : des mots que l’on dit usés, auxquels le peintre redonne une nouvelle vie et une nouvelle énergie, passant par des couleurs pop art aussi acides qu’elles tendent au délavé, un geste rapide et une épuration de la forme de plus en plus frontale. Omar Mahfoudi est le peintre de la présence, celui d’une mystique de l’esthétique, résolument inexplicable, que l’on tente de cerner dans cet entretien réalisé en septembre 2022, à l’occasion de la journée Être Ici, à Saba’s House dans la médina. Les vingt premières minutes de l’entretien ne sont pas de la meilleure qualité, où le moteur d’un réfrigérateur fringant vient parasiter notre propos… Mais comme nous continuons de défendre le fond avant la forme, et nous vous livrons malgré tout ce bel épisode.
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Détroit 10 – Emmanuel Hocquard à Tanger – Entretien avec Françoise de Laroque
14 novembre 2022

Emmanuel Ponsart et l’Institut français de Tanger, à l’occasion de la sortie chez POL du livre Une grammaire de Tanger, ont organisé ces 11 et 12 novembre un week-end de rencontres autour du poète Emmanuel Hocquard. Après avoir passé une enfance à Tanger, l’écrivain fut l’un des fondateurs et le représentant de la poésie littéraliste, créateur de la maison d’édition Orange Export Ltd, auteur du fameux recueil Les élégies, des miscellanées Un privé à Tanger et Le Cours de Pise, de Ma haie et d’Un test de solitude, d’Une journée dans le détroit et Le modèle et son peintre, ainsi que d’une trentaine d’autres ouvrages, tous majeurs bien qu’il aimait se qualifier de poète mineur. Françoise de Laroque, critique littéraire, autrice de La chambre jaune et d’Alain Veinstein ou le chien des mots, traductrice notamment de Paul Auster, de Michael Palmer et de Keith Waldrop, qui fut aussi la compagne d’Emmanuel Hocquard avec qui elle eut une fille, Juliette, était présente à Tanger pour ces célébrations. L’occasion de rencontrer cette belle femme de Lettres déterminée et d’évoquer quelques aspects de la vie et de la création du grand mais mal connu Emmanuel Hocquard.
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Détroit 9 – Entretien avec Ilyass Bouchri : le Maroc au Festival international du théâtre universitaire du Caire
5 novembre 2022

Ilyass Bouchri est tout ce qu’il y a de plus polymorphe. On le trouve avec son sourire, son charme et sa détermination sur tous les fronts ! Avec le dynamisme de ses vingt-six ans, il est enseignant dans un institut médical national pour les soins infirmiers, après être passé par de longues années à diriger une équipe au service de réanimation de l’hôpital Mohamed V à Tanger ; mais il est surtout connu dans sa ville en tant qu’acteur, metteur en scène, chorégraphe, dramaturge, fondateur de deux compagnies de théâtre amateur dont la très primée Festi, influenceur, chef de fil, homme de médias et de relations publiques. Lauréat du Festival national marocain de théâtre et du Festival international de théâtre universitaire du Caire, il siège au cœur de l’équipe de ce dernier événement : depuis trois ans, il est le directeur artistique des ateliers, bénéficiant de toute la confiance des directeurs-fondateurs Amr Kabeel et Samar Saeed. Ilyass Bouchri nous explique ici, sur les bords du Nil, au lendemain de la remise des prix de la 4ème édition de ce festival cairote, ce qu’il y fait et comment s’y traduit la présence de Tanger et du Maroc. Entretien réalisé fin octobre sur les quais du Grand Nile Tower Hotel, dans le vent et à côté du passage des pétaradants canots à moteur.
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Détroit 8 – Entretien avec Amina Rezki, plasticienne
14 octobre 2022

Amina Rezki est peintre. Elle est peintre dans le sens le plus puissant du mot. Née dans le Beni Makada des années soixante, alors grande banlieue d’un Tanger commençant à perdre les ors de son Statut international, et surtout dont les richesses n’allaient pas jusque si loin, sa famille émigre à Bruxelles en 1967, où la petite Amina est immédiatement inscrite dans une école catholique. Elle y apprend la différence et le vivre-ensemble. Une encyclopédie sur Rubens lui est offerte en premier Prix de la gentillesse, qui éblouira la petite fille et formera le premier maître de la future artiste. Mariée à Mohamed Temsamani, à qui elle a donné sept filles et un garçon, en soulignant qu’elle ne peut s’empêcher de créer, elle se consacre entièrement à cette grande famille pendant quinze ans, puis reprend des cours du soir en 2001 à l’École des Beaux-Arts d’Uccle. Elle suit là un cursus de six années, notamment sous la direction du délicat et profond Arié Mandelbaum, qui devient son mentor et partage avec la jeune peintre une pièce de son atelier. À partir de cet instant, Amina Rezki n’a plus cessé de travailler, créer, créer, créer, peindre encore et à chaque instant. Mue par une énergie irrépressible comme celle qui animait Camille Claudel ou Séraphine Louis, une puissance titanesque dans un petit corps de femme, son acharnement et sa persévérance, sa passion et son talent l’amenèrent à présenter sa première exposition dans la galerie casablancaise d’Abla Ababou en 2011. Invitée à participer à une exposition collective par un Mahi Binebine toujours perspicace, la reconnaissance et le succès dès lors ne la quittèrent plus, où elle est saluée par toute la critique comme l’une des artistes les plus exigeantes de son temps. Elle s’est attachée à la Galerie Conil de Tanger dès 2012, après une exposition à l’espace Mohamed Drissi, puis participa à l’aventure de Gallery Kent. Elle est désormais défendue par Loft Gallery de Casablanca.
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Exposition « Les couleurs du temps » – Entretien avec Marie Moignard.
30 septembre 2022

Autour d’une donation de portraits colorisés de la moitié du XXe siècle, anonymes mais tangérois, chinés puis offerts par Philippe Lorin à la Fondation pour la photographie – Tanger, Françoise et Daniel Aron ont décidé d’organiser une exposition de photographies colorisées provenant d’horizons des plus divers. Les couleurs du temps, mise en scène par la commissaire Marie Moignard, experte de la photographie marocaine et journaliste à Diptyck, va de Tanger au Japon, en passant par Le Caire, la Syrie maronite, la Bretagne ou Prague, Fès ou Casablanca, avec des œuvres de Aassmaa Akhannouch, Hélène Bellenger, Amina Benbouchta, Flore, Ludovico Wolfgang Hart, Irène Jonas, Youssef Nabil, Rima Samman, Jan Saudek et de quelques photographes anonymes. L’exposition a été réalisée avec la coopération des galeries 127, à Marrakech, Nathalie Obadia et Taylor à Paris. Les couleurs du tempsest montrée jusqu’au 30 novembre à la Fondation pour la photographie, au 235, route de Sidi Masmoudi (route de la Vieille Montagne) à Tanger, du mardi au samedi, de 10h30 à 18h00. Visite guidée avec Marie Moignard.
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Parcours artistique Être ici 2022, entretien avec Anne Chaplain et Najoua El Hitmi
15 septembre 2022

Ce premier numéro de Détroit actualité est consacré à Être ici, un parcours artistique et patrimonial à Tanger, initié par le collectif Ssilate, durant lequel des artistes, plasticiens, photographes, musiciens, chanteurs, danseurs, poètes, installationnistes, performeurs, sculpteurs… se produisent dans des lieux habituellement fermés au public. Habituellement présenté sous la forme d’une Biennale, Être Ici 2022 se déroulera toute la journée du 18 septembre, dans la médina de Tanger, de 10 heures à 19 heures. À travers huit lieux et faisant intervenir quarante-cinq artistes venant de tout le Maroc, de France, d’Espagne et d’ailleurs, Être ici bénéficie de la collaboration d’une trentaine de partenaires et mécènes, parmi lesquels la Wilaya de Tanger, la Fondation nationale des musées, la Délégation régionale de la culture, le Conseil national marocain du tourisme, l’Institut français, la Cinémathèque de Tanger, Tanger Med, Vilavi, la Fondation Mohamed VI… Entretien sur ce programme avec la présidente de Ssilate, Anne Chaplain, et l’artiste Najoua El Hitmi, toutes deux cofondatrices et organisatrices de l’événement.

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Détroit 5 – Entretien avec Hicham Gardaf, photographe.
29 août 2022

Hicham Gardaf est photographe. ll s’intéresse aussi au cinéma expérimental. Il vit à Londres, mais il est né à Tanger, en 1989. Il a grandi entre Tanger, au Marshan, dans la maison familiale sur les bords du détroit, et un village près de Larache où ses parents avaient été mutés en tant qu’instituteurs. Il n’achèvera jamais des études de Sciences économiques débutées à l’université Abdelmalik Essadi : un petit boulot aux Insolites où il feuilletait les livres d’art et une rencontre avec Marco Barbon l’amenèrent à s’imaginer une vie de photographe. C’est au Percolateur, à Marseille, espace ouvert par Barbon, que Hicham Gardaf rencontre Nathalie Locatelli, dénicheuse et créatrice de talents, qui dès 2013 lui organise sa première exposition personnelle à la galerie 127. Il fut ensuite invité à la Cité des arts de Paris en 2014, lauréat du Prix de la Fondation des Treilles en 2015 et sélectionné par l’Arab Fund for Art and Culture, lui occasionnant une résidence à Beyrouth entre 2015 et 2016 : sa carrière est définitivement lancée et assise. Il déménage alors à Londres pour élargir son horizon et y prendre pour épouse une jeune artiste sénégalo-polonaise, Maja. En 2017, Hicham Gardaf participe à une master class de la World Press Photography à Amsterdam. En 2018 la Galerie Delacroix de Tanger lui consacre une exposition personnelle, puis le Guest Project de Londres, à l’issue d’une résidence. Depuis 2021, il suit un master alternatif à l’Open School East pour les artistes confirmés. Il est aussi l’un des cinq finalistes, de la septième édition du prix de la fondation Manifaturra di Arti, Sperimentazione et Tecnologia (Mast) de Bologne, qui produit son nouveau projet sur les vendeurs ambulants à Tanger, raison pour laquelle on le retrouve aujourd’hui dans sa ville natale.
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Détroit 4 – Entretien avec Tomas Colaço, artiste inclassable
15 août 2022

Issu d’une famille qui fricota dans la diplomatie portugaise à Tanger pendant cinq siècles, Tomas Colaço est quant à lui né à Lisbonne en 1974. Il suivit des études d’architecture en Italie, entre Milan et Venise, obtint un doctorat en Sorbonne en histoire et théorie de l’art et de l’architecture, avant d’entamer une maîtrise à l’École des hautes études en sciences sociales, sous la direction de Hubert Damisch, de Jean-Claude Lebensztejn et d’Umberto Eco, sur les notions d’espace privé et public dans les collections d’art. Il acheva son odyssée de formation aux écoles d’art lisboètes Ar.co, où il pratiqua les arts plastiques, la photographie, la sculpture, la peinture, le dessin et la céramique avec une approche académique, puis à la MAUMAUS où il aborda la conceptualité de front. Artiste inclassable et insaisissable, toute son œuvre, sa vie entière de plasticien et installationniste tournent autour de la notion d’espace. Depuis quelques années, avec son épouse Sofia d’Aguiar, ils ont créé à Lisbonne le Grilo, un lieu à leur image qui se décline en résidence d’artistes, ateliers, espace d’expositions et restaurant clandestin, lieu de fêtes où l’on croise les têtes couronnées européennes aussi bien que Madonna ou Cristiano Ronaldo. En tant que plasticien, dont le travail frôle en permanence le trompe-l’œil, il fut défendu par des galeries londonienne, new yorkaise, parisienne et lisboète. Mais Tomas Colaço demeure avant tout un geste, une humeur : entre l’hédonisme et l’insolence, celle de la liberté et le sens du plaisir : ce que sous d’autres cieux on appelle l’élégance.
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Détroit 3 – Entretien avec Taha Amiar, environnementaliste.
29 juillet 2022

Taha Amiar est né dans les années 80 à Tanger et il y a grandi. Il a suivi sa scolarité dans la ville du Détroit avant d’entamer des études en France. Il a démarré sa carrière dans la communication et le journalisme, « par infusion familiale » assure-t-il. Il a effectivement grandi entre les locaux d’un journal et ceux d’une radio. Il change de cap à Casablanca, avant que sa nature ne le rattrape : il crée alors sa marque média, Massolia.com, fortement présente dans les réseaux sociaux en vue de sensibiliser au respect de l’environnement et aux technologies vertes. Il reprendra dans la foulée des études plus portées sur la nature, l’environnement et la biodiversité, en Côte d’Ivoire, de 2018 à 2020. Son expérience l’amène à collaborer pour la Banque africaine de développement, ainsi que pour le Programme des Nations-Unies pour le développement et le Programme des Nations-Unies pour l’environnement. Auparavant, en 2016, Taha Amiar sera l’un des principaux artisans à avoir élaboré le programme de la conférence Med Cop, préparatoire à la Cop 22 de Marrakech. Tangérois du monde, Tangérois dans le monde, il aime à défendre sa ville et en parler.

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Détroit 2 – Entretien avec Abderrahim Benattabou du Donkey Museum of Tangier
14 juillet 2022

Un tout petit musée, plein d’un charme fou, vient d’ouvrir au 49, montée de la Kasbah, à Tanger. De ces projets qui donnent une âme à une ville. Abderrahim Benattabou en est l’initiateur. Ce petit cousin de la grande chanteuse populaire Najat Attabou, originaire de Khemisset, est passé par Rabat où il a fait une faculté d’économie, puis une école de cuisine à Ouarzazate, avant d’être recruté au mérite à l’ISITT, l’institut supérieur des métiers du tourisme de Tanger. Déjà il connaissait cette ville où sa mère avait dirigé l’École hôtelière. Abderrahim Benattabou va ensuite gérer la maison d’hôte de la sœur de Bertrand Cantat à Chefchaouen ; il y découvre la richesse de son terroir et du patrimoine, le potentiel touristique et de services que possède le Maroc, sur la lancée crée sa marque de confitures locales et extraordinaires, avant de participer à l’émission Challenge, la Star Academy des entrepreneurs, puis d’ouvrir un green shop à Benguérir quand la ville s’est affichée comme l’eldorado de l’énergie renouvelable et de la pensée verte au Maroc. C’est bien à Benguérir, au Nord de Marrakech, où il n’y avait que deux taxis, qu’il a rencontré les ânes et s’est passionné pour cet animal qui symbolise pour lui toutes les alternatives pour un monde meilleur. Participant à la Boubana, la résidence poétique qu’Aurore Claverie avait animée au début des années 2010 à Tanger, il décide alors d’ouvrir dans la ville du détroit son musée des ânes.
Donkey Museum of Tangier – 49, montée de la Kasbah, Tanger – 00212 (0) 660 36 53 86 – donkey.museumoftangier@gmail.com

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Détroit 1 – Entretien avec Catherine Poncin, photographe
30 juin 2022

Détroit consacre son premier épisode à Catherine Poncin, photographe, vidéaste, plasticienne qui depuis de nombreuses années travaille sur et avec le Maroc, et qui depuis six ans s’est installée à Tanger, ville où elle partage son temps avec Montreuil, en Seine Saint-Denis. Métissage et altérité sont donc bien pour elle des mots d’ordres, un choix de vie. Née en 1953 à Dijon, elle débute la photographie en autodidacte dans les années 80, notamment aux côtés de Duane Michals et d’Alain Fleisher. Depuis, son travail est défendu par l’appartement 22 d’Abdellah Karroum à Rabat, la galerie des Filles du Calvaire à Paris, Art Culture & Co de la directrice artistique Christine Ollier, que Catherine Poncin a suivie dans ses nouvelles aventures. À Tanger, on aura vu la photographe exposer au Mahal et à Gallery Kent, concevoir des cycles de workshops avec des jeunes issues de l’Association Darna, d’autres scolarisés, des étudiants de l’Institut des Beaux-Arts de Tétouan, des migrants, après avoir montré une centaine d’expositions en France et à travers le monde ; elle a aussi édité huit vidéos d’art et quinze livres aux Editions Filigranes. Figure de la post-photographie, Catherine Poncin a créé le concept, pour lequel elle milite, de photographie par la photographie. Une mise en abyme de la mémoire et de l’identité…
Ce premier épisode de Détroit était bricolé sans moyens, ni savoir-faire technique, mais avec un immense plaisir, par Philippe Guiguet Bologne. Tous droits réservés. Les musiques des génériques sont de Hassan Boussou Katib Allah et du collectif Sidi Koumi ; les chansons de Nass El Ghiwan Ah Ya Ouineet Sabra et Chatilla ont été choisies par Catherine Poncin.

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